Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de carpefeuch
  • : Cette association partie du collège Feuchères à Nîmes s'ouvre à TOUS ceux qui s'intéressent à la couleur romaine dans notre région. Nous organisons des rencontres, visites, conférences, ateliers autour de la romanité, et au nom de la convivialité antique et de son fameux "Carpe diem ! "
  • Contact

Recherche

Liens

15 septembre 2014 1 15 /09 /septembre /2014 17:32

BALARUC les BAINS, haut lieu depuis l'Antiquité de l'eau , de l'ostréïculture : la colline est ceinturée de sources. Nous sommes là dans le lieu dit  "pioche d'ail" , avec AIL pour EAU..

Nous étions déjà venus avec CARPEFEUCH dans ce « jardin extraordinaire » à son ouverture et avions déjà été sous le charme, subjugués par ce lieu ouvert sur l’étang de Thau, avec ce bleu tout au fond, et la pierre blanche, colonnades, fontaines, mariée à la végétation luxuriante mais obéissant tout de même à des paliers.

Mais ce samedi 13 septembre, à cette impression de bout de monde, poétique, éthéré, et comme hors du temps, s’est greffée la reconnaissance de ce que le jardin romain signifie vraiment : une nature urbaine, une illusion de nature.

 Notre guide, le directeur du jardin,  nous a d’abord comme fait rentrer dans le jardin de LIVIE : ou plutôt, avec cette image unique d’un jardin totalement figuré, là, devant la fresque reconstituée, par Clara Castagné, nous avons entrevu toutes les dimensions du jardin.  Le commentaire qui nous fut fait nous permit de voir se confronter le dessin, l’image, et le jeu des lignes, et le travail de la profondeur qui en émergeait.  Un muret sépare le jardin proprement dit, planté d’arbres, t limité,  un muret auquel s’accrochent des plantes apparemment sauvages. Ce muret, au fur et à mesure que l’on se déplace et qu’on déplace notre regard sur lui, semble bouger et modifier la perspective. Une perspective atmosphérique, pas géométrique.

Mais si l’on observe les arbres, cognassier, grenadier, laurier, azerolier, typiquement méditerranéens et donc attendus,  on doit pourtant se poser des questions sur leurs floraisons concomitantes. Il y a eu mélange de saisons dans ce raccourci de verger, comme une idéalisation de la nature. Il s’agit là d’une nature campestre, pas du tout sauvage, et nous voilà à la frontière normale pour un HORTUS entre URBS la ville et RUS la campagne. Car le jardin romain, bien installé au cœur de la maison, c’est l’entrée d’une nature presque domestique dans la maison et la maison elle aussi s’intègre au jardin : l’imbrication est parfaite.

L’élément architectural qu’est le muret délimite la nature sauvage, en bas, et, en haut, la culture, à tous les sens du mot. Il s’agrément aussi de motifs décoratifs typiques, écailles de poissons, croisillons, croix de Saint-André. Il renvoie bien à la maison et à la technique de construction.

Il y a plus encore avec le choix des végétaux : le laurier, dans un entre deux de peinture, rose, puis sauce, évoque peut-être la figure d’Auguste, et les oiseaux représentés, grives, étourneaux, geais, suggèrent la musique apollonienne. Le divin s’installe, Vénus avec  le cognassier par exemple, une nymphe avec l'azerolier..

Reste à réfléchir à la raison d’être de cette fresque et de la pièce où elle se trouvait, (à Rome dans la maison dite de Livie, en contrebas, dans la fraîcheur : salle à manger, salle rituelle, invitation à la pharmacopée ?

Nous sortons pour parcourir le jardin, qui s’appuie tout entier sur cette fresque et la philosophie du jardin à la romaine.

Regardez donc les images. Elles se passent presque de tout commentaire, une fois que l'on a entendu le discours de notre initiateur en jardin antique.

Sortons ! Dans ce jardin aménagé au bout de la presqu'île, sur le versant est de la colline, et là où il n'y eut jamais aucune construction, 40 ans de recherche botanique aboutirent à ce domaine archéobotanique de 1,7 Ha conçu comme un « petit dehors » qu’on va mettre « dedans », dedans la maison, avec VII cellules qui nous emmènent dans un parcours chronologique du 1er siècle av. J.C. au IIème après. Dans l’HEREDIUM, on se nourrit, on nourrit les animaux, on se soigne, avec des offrandes à Priape qui prend la place des Lares retournées à la maison. Ici pistachiers, vigne, liane que l’on trouve parfois en gobelets, parfois palissée, mariée avec les arbres. On découvre des armes déposées là, clin d’œil aux Métamorphoses : ici Janus, concrétisé par ce double glaive. Nous voilà au LUCUS jardin sacré,- Il faut faire la distinction entre ce LUCUS sauvage, et le NEMUS, jardiné -, dans cette nature « temple aux vivant piliers » comme dirait le poète. Le pin d’Alep, ATTIS métamorphosé, fait office de colonne. L’espace funéraire fait le partage entre vivants et morts, ceinturé de peupliers qui matérialisent le temple. Au passage, on goût à cette douceur de l’OTIUM, au plaisir de flâner. Au-delà du sous-bois d’Hécate, magicienne, guérisseuse, consacré à l’APOTHEKE la médecine, se trouve un portique, où raisin, cépages narbonnais, symbolisent l’alliance du dehors et du dedans, du couvert et du découvert. Juste le temps de revenir à l’HEREDIUM.

La boucle est bouclée, regardez les photos !.

Partager cet article
Repost0

commentaires